HOMMAGE AUX VICTIMES DU TERRORISME ET DE L’ANTISEMITISME EN FRANCE ET EN BELGIQUE
En ce début du XXIème siècle, les officines terroristes comme AL QAÏDA ou L’ETAT ISLAMIQUE ont pris le relais des organisations radicales du siècle passé, perpétrant des attentats meurtriers au retentissement mondial. La Belgique et la France n’ont pas été épargnées par ce fléau. Attentats terroristes et antisémites d’une part, recrudescence de meurtres antisémites d’autre part commis par des individus radicalisés, nous rendons ici hommage à leurs victimes sur le territoire français et belge.
SEBASTIEN SELAM, 20 novembre 2003
Dans la nuit du 19 au 20 novembre 2003, au 5 rue Louis-Blanc dans le 10e arrondissement de Paris, Sébastien Selam, 23 ans, disc-jockey très populaire, est poignardé à mort par son voisin de palier et ami d’enfance musulman, Adel Amastaibou. Le jeune homme est retrouvé mort dans le parking de son immeuble, où son ami l’avait attiré. Adel Amastaibou présente depuis l’âge de 16 ans des troubles psychiatriques et a commis plusieurs agressions, contre ses proches et contre un rabbin.
Après l’homicide, Adel Amastaibou se rend au domicile de la mère de la victime et y déclare : « J’ai tué un Juif ! J’irai au paradis » et devant les policiers, il ajoute : « C’est Allah qui le voulait ». Le procès-verbal de police mentionne « que le comportement d’Adel Amastaibou est manifestement sensé et volontaire » et que le suspect « se dit pleinement satisfait de son acte ». Il est contrôlé positif au cannabis.
Dès le lendemain des faits, Adel Amastaibou est mis en examen mais il est transféré au sein d’une structure psychiatrique. Le docteur Daniel Zagury, désigné comme expert psychiatrique, écrit en 2005 dans son expertise remise au juge Sonnois, que le crime n’est pas « antisémite mais un acte délirant ». La magistrate en charge considérant que l’accusé était atteint au moment des faits d’un trouble psychiatrique ayant aboli son discernement, la folie est retenue, au détriment de la circonstance aggravante de l’antisémitisme. Une ordonnance de non-lieu est rendue en août 2006 et le suspect est interné d’office à Villejuif. La famille de la victime fait appel en juillet 2007. Mais le précédent non-lieu est confirmé par la chambre de l’instruction, le 5 janvier 2010.
Adel Amastaibou a intégré une structure psychiatrique mais a bénéficié d’autorisations de sortie.
ILAN HALIMI, 20 janvier-13 février 2006
Ilan Halimi, travaillait dans un magasin de téléphonie mobile du boulevard Voltaire à Paris. Le soir du vendredi 20 janvier 2006, après avoir dîné chez sa mère, il rejoint en voiture Yalda, alias « Emma » la jeune fille qui a servi d’appât en le séduisant dans son magasin, une semaine plus tôt. Il tombe alors dans le guet-apens du « gang des barbares ». Dès le lendemain, leur chef, Youssouf Fofana envoie un courriel à la famille Halimi, réclamant 450 000 euros en échange de la libération d’Ilan, assorti d’une photographie du jeune homme yeux bandés, journal du jour dans les mains et pistolet pointé sur la tempe. La famille prévient alors la police, la brigade criminelle, l’unité d’élite de la police judiciaire de Paris, se saisit de l’enquête.
Ilan Halimi va subir un calvaire de 24 jours dans la cave d’un immeuble d’une HLM de Bagneux, en région parisienne. Durant sa séquestration, la police demande à ses parents de garder le silence sur cette affaire, de ne pas demander d’aide pour payer la rançon de leur fils, ni de montrer sa photographie à des personnes qui pourraient fournir des informations.
Le groupe était composé d’une vingtaine de personnes qui gravitaient autour de Youssouf Fofana. Toutefois, les enquêteurs, évoquant plusieurs déplacements en Côte d’Ivoire de Fofana durant le rapt, ont avancé l’hypothèse d’un autre chef.
Le motif de ce crime est crapuleux et antisémite : il s’agissait d’enlever un Juif « parce qu’ils sont bourrés de thunes », selon Fofana, et d’extorquer de l’argent à la famille de la victime, toujours « supposée riche car juive », alors que sa famille était modeste.
Le 12 février 2006, ses geôliers reçoivent l’ordre de préparer Ilan Halimi pour sa libération.
Découvert nu, tondu, bâillonné, menotté, défiguré, le corps brûlé et agonisant, le 13 février 2006, le long des voies ferrées du RER C à Sainte -Geneviève-des-Bois dans le département de l’Essonne, Ilan Halimi meurt peu de temps après son transfert à l’hôpital.
Fofana est condamné le 11 juillet 2009 à la peine maximale en droit français pour ce crime, soit la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de vingt-deux ans. 27 personnes seront accusées d’avoir participé d’une manière ou d’une autre au destin tragique d’Ilan Halimi. Emma A. qui avait servi d’appât et attiré Ilan Halimi dans le traquenard est sortie de prison en septembre 2012 au bénéfice d’une libération conditionnelle. La plupart des «ex-barbares» ont recouvré leur liberté. Afin d’éviter les profanations, la famille Halimi a fait inhumer Ilan en Israël.
ECOLE OZAR HATORAH à TOULOUSE, 19 mars 2012
Après avoir abattu trois militaires et grièvement blessé un quatrième à Toulouse et à Montauban, Mohamed Merah arrête son scooter devant l’école juive Ozar Hatorah.
Il se met à tirer sur les enfants qui rentrent dans l’école.
4 personnes meurent sur le coup : Jonathan Sandler, 30 ans, rabbin et professeur, ainsi que ses deux fils Gabriel (4 ans) et Arieh (5 ans). Myriam Monsonego, 7 ans, fille du directeur de l’établissement, est abattue froidement par le tireur alors qu’elle tentait de s’enfuir. Un élève, Brian Bijaoui, 15 ans, est grièvement blessé.
Le 21 mars 2012, Mohamed Merah, 23 ans, qui se revendique d’Al Qaïda, se retranche dans son appartement et blesse deux policiers au cours d’une première tentative d’interpellation.
Les opérations du RAID se poursuivent durant 31 heures et s’achèvent le 22 mars 2012 par un échange de tirs d’une rare violence à l’issue duquel Mohamed Merah est abattu.
L’opinion publique a été profondément choquée par les attentats de Toulouse et Montauban commis par Mohamed Merah les 11, 15 et 19 mars 2012.
Saisi par la famille du caporal-chef Abel Chennouf, tué le 15 mars 2012 à Montauban, le tribunal administratif de Nîmes a jugé, le 12 juillet 2016, l’État responsable pour un tiers dans la mort d’Abel Chennouf, deuxième victime de Mohamed Merah. Le tribunal a considéré que « la décision de supprimer toute mesure de surveillance de Mohamed Merah, prise à la fin de l’année 2011 (…) alors notamment que Mohamed Merah avait déjà fait une première victime quatre jours avant l’assassinat d’Abel Chennouf (constitue une faute qui) a compromis les chances d’empêcher l’attentat et fixe à un tiers la part de responsabilité de l’État ».
La cour d’assises de Paris a condamné, jeudi 2 novembre 2017, Abdelkader Merah à vingt ans de réclusion criminelle, avec une peine de sûreté des deux tiers. Concernant les tueries commises par son frère Mohamed Merah en 2012, la cour l’a jugé coupable d’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, mais n’a pas reconnu sa complicité.
Le second accusé, Fettah Malki, 35 ans, a été condamné à quatorze ans de réclusion criminelle, avec une peine de sûreté des deux tiers, pour association de malfaiteurs terroriste. La justice l’a notamment reconnu coupable d’avoir fourni à Mohamed Merah un gilet pare-balles portant le logo de la police, volé en 2011, et un pistolet-mitrailleur, utilisés lors des tueries de mars 2012 à Toulouse.
Le ministère public a fait appel suite à ce verdict. Le procès en appel s’est tenu du 25 mars au 18 avril 2019. A l’issue de 4 semaines d’audience, la cour d’assises d’appel de Paris spécialement composée a prononcé une nouvelle condamnation.
Abdelkader Merah a été reconnu coupable de complicité d’assassinats et de tentatives d’assassinats et condamné à 30 ans de réclusion criminelle assortie d’une peine de sureté des deux tiers. Fettah Malki a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle.
VICTIMES DU MUSEE JUIF DE BRUXELLES, 30 mai 2014
Le samedi 24 mai 2014, à 15 h 27 min 44 s, Mehdi Nemmouche se rend au musée juif de Belgique, dans le quartier du Sablon à Bruxelles. Il tire depuis la rue vers le hall du musée et vise un couple de touristes, touchés au cou ou à la tête. Il contourne les corps, s’avance dans l’entrée, puis, avec une Kalachnikov qu’il a sortie d’un de ses deux sacs, ouvre de nouveau le feu depuis le hall vers l’intérieur du musée sur deux autres personnes, employées à l’accueil.
Trois personnes sont tuées sur le coup. Il s’agit d’un couple de touristes israéliens, Emanuel et Miriam Riva, âgés de 54 et 53 ans, et d’une Française, Dominique Sabrier, 66 ans, travaillant bénévolement au musée. La quatrième victime est Alexandre Strens, un Belge de 25 ans préposé à l’accueil du musée. Grièvement blessé, il restera dans le coma et mourra quelques jours plus tard, le 6 juin. D’origine juive et berbère, ses parents décident de l’enterrer au Maroc.
Lors d’un contrôle de douane effectué le vendredi 30 mai 2014 au matin à la gare routière internationale de Marseille Saint-Charles à bord d’un autocar en provenance d’Amsterdam via Bruxelles, Mehdi Nemmouche est interpellé. L’homme a filmé l’attentat, comme Mohammed Merah deux ans auparavant à Toulouse, au moyen d’une Go-Pro fixée à la bandoulière de son sac.
Un mandat d’arrêt européen est émis par la justice belge contre Mehdi Nemmouche. Présenté le 4 juin 2014 au parquet général du tribunal de Versailles, il annonce d’abord son intention de s’opposer à son extradition en Belgique puis y renonce le 10 juillet 2014.
Le 10 janvier 2019 s’ouvre devant la Cour d’assises de Bruxelles le procès de Mehdi Nemmouche et de son complice présumé Nacer Bender, accusé de lui avoir fourni les armes utilisées lors de l’attentat. Les deux accusés nient les faits qui leur sont reprochés. Après la lecture de l’acte d’accusation, les avocats de Nemmouche donnent lecture de leur acte de défense qui suscite l’étonnement puisque non seulement ils insistent sur le fait que Nemmouche ne serait pas le tueur mais laissent entendre que l’attentat serait un complot du Mossad. Maître Michelle Hirsch, qui représente durant le procès le Comité de coordination des organisations juives de Belgique, partie civile au procès, critique la défense de Nemmouche et estime que « sous couvert d’une « défense » et des droits de la défense, c’est en réalité une tribune qui est donnée à des thèses complotistes et antisémites ». Elle ajoute que «l’antisémitisme a été érigé en système de défense.».
Le 12 mars 2019, la cour d’assises de Bruxelles condamne Mehdi Nemmouche à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une mise à disposition du tribunal de l’application des peines d’une durée de 15 ans. Nacer Bender, considéré comme co-auteur des faits écope de 15 ans de réclusion criminelle assortie d’une mise à disposition du tribunal de l’application des peines d’une durée de 5 ans.
ATTENTATS DE JANVIER 2015 EN FRANCE, LES VICTIMES DE L’HYPER CASHER
Les attentats de janvier 2015 en France commis par des terroristes islamistes, se sont déroulées entre les 7 et 9 janvier 2015 et ont été revendiqués par AL-QAÏDA.
Les événements débutent le mercredi 7 janvier 2015 par l’attentat contre Charlie Hebdo : deux djihadistes français, les frères Kouachi, assassinent onze personnes — dont huit collaborateurs du journal — et en blessent onze autres avant de tuer durant leur fuite, un policier déjà blessé et à terre. Les victimes de la tuerie dans le bâtiment sont Frédéric Boisseau, un responsable des opérations de la société Sodexo chargée de la maintenance du bâtiment, les cinq dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, la psychanalyste Elsa Cayat, l’économiste Bernard Maris, le correcteur Mustapha Ourrad (ces huit personnes étant membres du journal), le policier Franck Brinsolaro qui assurait la protection de Charb et Michel Renaud, cofondateur du festival Rendez-vous du carnet de voyage, invité à assister à la conférence de rédaction.
Un gardien de la paix, Ahmed Merabet, est tué sur le boulevard Richard-Lenoir par l’un des deux terroristes au cours de leur fuite. Le bilan final est de douze personnes assassinées et de onze blessées, dont quatre grièvement.
Les frères Kouachi sont finalement abattus deux jours plus tard par le GIGN dans une imprimerie où ils se sont retranchés, à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne), au nord-est de Paris. L’attentat est alors revendiqué par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), basé au Yémen.
Le 8 janvier 2015, Amedy Coulibaly, un Français proche des frères Kouachi, tue par balle une policière municipale et blesse grièvement un employé municipal à Montrouge. Le lendemain, le 9 janvier, il prend en otage les clients de l’Hyper casher, porte de Vincennes à Paris. Lourdement armé, il tue immédiatement trois personnes et en prend en otage dix-sept autres, dont l’un est tué peu après, portant à quatre le nombre des morts. Les victimes : Yoan Cohen, Yoav Hattab, Philippe Braham et François-Michel Saada.
Le preneur d’otages se réclame de l’État islamique.
La prise d’otages dure plus de quatre heures. Elle se termine par un assaut mené par les policiers du RAID, de la BI et de la BRI . Le terroriste est abattu alors qu’il ouvre le feu sur les forces de l’ordre. Trois policiers et un otage sont blessés.
Plus de cinq ans après cette vague d’attaques djihadistes, un procès est organisé à partir du 2 septembre 2020 devant une Cour d’assises spéciale, à Paris. Il s’agit du premier grand procès instruit par le Parquet national antiterroriste créé en 2019. Quatorze accusés sont jugés, dont trois par défaut : l’épouse religieuse d’Amedy Coulibaly, Hayat Boumeddiene, son mentor présumé, Mohamed Belhoucine, présumé mort et son frère Mehdi, qui ont tous fui en Syrie peu avant les attentats.
Ce procès des attentats de janvier 2015, pour lequel quelque 200 personnes se sont constituées parties civiles, a été filmé en intégralité. Après cinquante-quatre jours d’audiences, durant lesquels 144 témoins et 14 experts ont été cités, et sans pouvoir lever toutes les zones d’ombres, le verdict est rendu le 16 décembre 2020. La Cour d’assises spéciale de Paris prononce des peines allant de quatre ans de prison à la perpétuité pour les quatorze accusés reconnus coupables d’avoir assisté les terroristes de janvier 2015. Ces peines sont dans l’ensemble inférieures aux réquisitions du Parquet national antiterroriste. La peine la plus sévère a été prononcée à l’encontre d’Ali Riza Polat : ce Franco-turc a été condamné à trente ans de réclusion pour complicité d’assassinats, la Cour d’assises spéciale jugeant qu’il a de façon concrète et circonstanciée, apporté une aide logistique à Amedy Coulibaly.
SARAH HALIMI, 4 avril 2017
Dans la nuit du 4 Avril 2017, rue Vaucouleurs dans le 11ème arrondissement, Sarah Halimi, retraitée de 65 ans est défenestrée par son voisin Kobili Traoré, 27 ans, après avoir été torturée de longues heures durant. Malgré les appels à la police, celle-ci a reçu l’ordre de ne pas intervenir. Déclaré irresponsable car sous emprise du cannabis, après 4 expertises psychiatriques, l’assassin est envoyé en HP et ne sera jamais jugé. De nombreuses distorsions de l’enquête sont révélées au cours d’une commission parlementaire, mais la Cour de Cassation tranche, en avril 2021 : le meurtrier de Sarah Halimi ne sera pas jugé, confirmant son irresponsabilité pénale pour absence de discernement au moment des faits. Un jugement qui rappelle celui rendu contre l’assassin de Sébastien Selam. Cette affaire constitue aux yeux de la famille de Sarah Halimi la plus grave défaillance de la justice face à un crime antisémite non reconnu comme tel.
MIREILLE KNOLL, 23 Mars 2018
Le vendredi 23 mars 2018 vers 18 h 30, alertés par un voisin, les pompiers entrent chez Mireille Knoll, âgé de 85 ans. Le corps sans vie et en partie brûlé de la vielle dame est étendu sur son lit. Elle a reçu onze coups de couteau. Il n’y a pas moins de 5 départs de feu.
Le caractère antisémite du meurtre est retenu par la justice le 26 mars. Le voisin de Madame Knoll, Yacine Mihoub, 28 ans, est mis en garde à vue. Un deuxième suspect, Alex Carrimbacus est arrêté près de l’Opéra Bastille. Les deux hommes s’accusent alors mutuellement d’avoir porté les coups.
Le 10 novembre 2021, Yacine Mihoub est condamné par la Cour d’Assises de Paris à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans pour le meurtre à caractère antisémite de Mireille Knoll. Son co-accusé Alex Carrimbacus est acquitté pour le meurtre mais il est condamné à une peine de 15 ans de réclusion assortie d’une peine de sûreté de deux tiers pour le vol également à caractère antisémite de la victime.