L'assassinat

Funérailles nationales

 

Lorsque l’annonce de l’assassinat de Joseph Wybran se répand, une émotion sans précédent s’empare de l’opinion publique. La communauté juive est en état de choc comme le monde médical et universitaire, les nombreuses personnalités politiques et religieuses, les représentants de multiples institutions, associations expriment leur stupeur. La réprobation de cet acte ignoble fait l’unanimité. L’assassinat de Jo Wybran est à la Une de la presse et des media belges qui font tous sans exception l’éloge de la victime.

Les funérailles sont fixées au vendredi 6 octobre à 11heures, avant shabbat, à quelques jours de Yom Kippour. Une foule immense d’au moins 5000 personnes, unie dans la peine et la consternation, est rassemblée Place Poelaert, au pied du Palais de Justice et s’avance dans la rue de la Régence dans un silence empreint de dignité. En tête du cortège Ester, sa mère, Emmy son épouse et Tewia Wybran son père ainsi que le porte drapeau de l’Union des Déportés juifs et Fils de la déportation, Henri Kichka. Puis les personnalités politiques, académiques et religieuses parmi lesquelles le cardinal Danneels, les Vice-Premiers ministres Melchior Wathelet et Philippe Moureaux, le ministre des Affaires étrangères Mark Eyskens, le ministre-président de la Région bruxelloise Charles Picqué, la Secrétaire d’Etat à l’Europe 1992 Anne-Marie Lizin, le Président et le Recteur de l’ULB, M.M. Hasquin et Verhaegen , l’Ambassadeur d’Israël Avi Primor, le ministre régional bruxellois Georges Désir, le Sénateur Roger Lallemand, Jean Gol, les représentants des organisations juives de Belgique, les rabbins et à leur suite, les amis, les collègues, les sympatisants, si nombreux.

La fanfare militaire précède le cortège, de rigueur lors de funérailles nationales, en l’honneur de Joseph Wybran, fait Chevalier de l’Ordre de Leopold et Officier de l’Ordre de la Couronne pour services rendus au pays.

Les rideaux des magasins alentours sont baissés en signe de deuil, comme dans les villes d’Anvers, Charleroi, Liège, là où il existe une communauté juive.

Près de deux cents policiers bruxellois et gendarmes des unités antiterrorisme, des agents en civil, étaient mobilisés pour assurer le bon déroulement des funérailles, à l’abri de toute menace.

Le convoi funèbre s’arrête devant la Grande synagogue de Bruxelles pour un ultime regard. Les portes en sont grandes ouvertes, tous les luminaires à l’intérieur sont allumés en signe de respect pour ce Fils de la Torah.

Au cimetière juif de Kraainem, Markus Pardes prononce l’éloge funèbre, soulignant les vertus morales de Joseph Wybran, sa fidélité à l’Etat d’Israël, son souci constant du maintien des valeurs juives. Le Recteur de l’ULB, Verhaegen rend hommage aux qualités professionnelles et humaines du disparu. Le rabbin de Bruxelles, Albert Guigui, prend la parole à sa suite pour le pieux « au-revoir » de la communauté juive et dit le kaddish pour le défunt.

En ce moment de profond recueillement, la famille endeuillée et la nombreuse assistance affligée ne peuvent soupçonner les sombres desseins imaginés par l’assassin.

Philippe Markiewicz évoque le drame vécu par les parents de Jo Wybran
Cimetière de Kraainem
La tombe de Jo Wybran, carré juif de Kraainem